Je fais partie de la tribu de Willendorf ! Notre peintre à nous, avait perdu ses lignes droites, il aimait trop bien jouer avec les planètes : la Lune, Vénus et la Pachamama !
Notre sculpteur à nous, déclinait tout en courbes, juste parce qu’il aimait la sensation que ça lui faisait sous les doigts, comme une note de musique grave qui te caresse le lobe de l’oreille, comme une vendange d’automne et un panier d’osier qui se remplit de pommes, de raisins et de fruits de la passion…
Notre tribu à nous, laisse de profondes empreintes dans la boue, soulève la poussière et fait trembler les murs de pierre. Notre poing, quand il s’abat, brise les glaces et les pointes de lances, mais quand il s’agrippe…
Notre tribu, quand elle transpire, c’est un océan de pensées amères qui se lave et retourne irriguer la terre.
Notre tribu, quand elle pleure, c’est le sel sur la blessure de la femme qui courre, et qui courre encore, après elle-même.
Nous, notre toile, on la tisse avec nos propres entrailles.
Mais chez nous, il n’est pas si désagréable de se faire attraper.
Il paraît, il paraît que nos corps sont comme des arbres auxquels on aurait envie de grimper.
Il paraît, il paraît que nos cuisses sont les oreillers les plus douillets.
Il paraît qu’entre nos bras on peut entendre tous les chats du monde ronronner.
Nous sommes des femmes cavernes. Des grosses caisses de résonance. Il n’y a pas une émotion qui ne soit en train de vibrer entre les stalactites.
Nous connaissons tous les chants de la terre, et nous avons la puissance de les envoyer jusqu’au ciel.
Nous sommes des femmes-baleines, des femmes archives, dans chacun de nos kilos sont renfermés des siècles de fertilité, de caresses, de douceur et d’accueil.

… on ne va tout de même pas laisser un effet de mode nous dire le contraire ?

Vénus de Willendorf, ma tribu, nous sommes la vie et nous sommes fières !