Sisters
Même chair, même peau, même maléfice
Pâles fantômes de cicatrices
Même cœur, même sexe, même impudence
Étranges fruits qui se balancent
Aux branches mortes de l’histoire
Ce soir, je danse.
Et chaque pas qui frappe la terre
Soulève des siècles de poussière
Des continents de noir et blanc
Sourires, rages, enfantements
Alors que toutes nos racines plongent
Sans mensonge, nous dansons.
Sisters
Depuis mon histoire sans entraves
Je grince aux cliquetis des chaînes
Tant de retenue dans les mouvements
Tant d’ignorance de l’abondance
Ces corps masquées, passions voilées,
Ces sorts freinés, voix étouffées,
Genres déchirés, sexes gommés
Tant d’interdit dans la beauté
A toute cette puissance endormie
Millénaires de prophylaxie
Les couvre-feu, les couvre-cœur
Et tous ces pouvoirs en sourdine.
Sisters
Mais quand j’entends vos cris, vos chants
Et comme ils vibrent, sourds et puissants,
Entre-tissant vos vies en une
Harmonie de voix sans âge,
Brillant d’une fréquence invisible
Aux cœurs fermés, aux yeux blessés
Toutes filles et sœurs de la Terre
Graines de douceur, gardiennes du rêve
Tissant d’une confiante patience
La toile du monde. La toile du monde.
Remettre une plume dans la balance
Et un sourire dans le silence
Des racines qui résistent au vent
Aux coups, aux mots, aux peurs, au temps.
Vent qui traverse entre deux âges
Et sème des murmures sages
Murmures de vies à cueillir
Puiser le feu dans le souvenir
Pour déconstruire.
Pour reconstruire.
Pour exister.
Pour donner Vie.